Temps de cerveau disponible | été 2025 ~ volet 2

Economie sociale et solidaire

Valeur économique, valeur sociale, valeur perçue, valeur intrinsèque… La création de valeur est au cœur des débats qui secouent le secteur non lucratif. Les logiques de coconstruction permettent le mélange d’ingrédients complémentaires et la composition de cocktails innovants à forte valeur ajoutée. La coopération, à consommer sans modération !
Face à l’ampleur des transitions, les modèles sont à réinventer : aucun changement n’est possible sans les compétences des femmes et des hommes qui expérimentent de nouvelles voies et qui traduisent de nouvelles voix. Pourtant, il est souvent difficile d’entendre et de (re)connaitre les pratiques innovantes. Dès lors, comment valoriser ces pratiques et ceux qui les développent ? Comment qualifier et s’approprier ces compétences en émergence ? C’est le sens de ce dossier du 66ème bulletin trimestriel de veille et d’analyse de l’innovation sociétale.
Dans un contexte de fracture sociale persistante, de recul de la participation citoyenne et de crise de confiance démocratique, il devient essentiel de questionner et de démontrer l’utilité sociale des acteurs qui œuvrent pour le lien collectif. L’éducation populaire, historiquement porteuse d’un projet d’émancipation, se trouve aujourd’hui confrontée à des transformations profondes de son environnement : évolution des formes d’engagement, diversification des publics, tensions sur les moyens financiers, attentes renouvelées des partenaires institutionnels...

Responsabilité sociétale des organisations

La transition écologique questionne profondément les modes de vie, les politiques publiques et les dynamiques locales. Les associations, par leur ancrage territorial et leurs pratiques collectives, jouent un rôle central mais encore peu documenté dans cette transformation. C’est dans cette perspective qu’un groupe de travail a été lancé par l’Institut réunissant chercheurs et acteurs associatifs autour des liens entre fait associatif, territoires et transition écologique.
Cette directive européenne impose aux entreprises de rendre compte dans un rapport de leur impact sur des enjeux sociaux et environnementaux. La Commission européenne a annoncé sa réforme fin 2024, dans un objectif de « simplification ». Où en est le processus législatif ?

Jeunesse(s) et perspectives

L’enquête nationale sur les ressources des jeunes (ENRJ) a été menée par la Drees et l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) du 1er octobre au 31 décembre 2014. Cette enquête novatrice et inédite permet de décrire les ressources et les conditions de vie des jeunes adultes de 18 à 24 ans en France.
Alors que la France compte plus de diplômés du supérieur que la moyenne européenne, l’insertion professionnelle des jeunes reste difficile : 1 jeune sur 3 connaît une trajectoire marquée par le chômage ou l’inactivité après ses études et le chômage des jeunes approche les 20 %. Le taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans demeure inférieur à celui des pays du Nord de l’Europe, en particulier pour les moins de 19 ans et les jeunes peu qualifiés. Près de 1,4 million de jeunes âgés de 15 à 29 ans ne sont aujourd’hui ni en études, ni en emploi, ni en formation (les « NEETs »).
Ce rapport de recherche montre que le ciblage des jeunes en situation de précarité dans le cadre du CEJ, élaboré « par le haut », soit par les décideurs publics à différentes échelles d’action publique (Europe, France), est retravaillé « par le bas », c’est-à-dire au travers des relations entre les conseillères ou conseillers et leurs destinataires, ainsi que façonné par les conditions matérielles dans lesquelles travaillent les premiers. En ce sens, cette recherche rend compte de la manière par laquelle les institutions construisent, à différents niveaux d’action publique et par des divisions du travail entre elles, la jeunesse à insérer socio-professionnellement. Elle analyse notamment, d’une part, l’entrée des jeunes dans le dispositif au travers de ces diverses entrées au guichet du service public de l’emploi et, d’autre part, le principe d’un accompagnement dit « intensif ».
Chaque année, plus de 300 000 jeunes diplômés du supérieur entrent sur le marché de l’emploi. Entre désir d’épanouissement personnel et quête de sens, ils redéfinissent sans cesse les normes et codes du travail. Si leurs attentes sont parfois complexes, leur vision de l’entreprise est positive mais sans concession : à la fois collaborative mais verticale ou encore captivante mais aussi stressante. En filigrane, c’est aussi une conception profondément nouvelle de la carrière qui émerge basée sur le mouvement !
Cette 4ᵉ édition du baromètre « NewGen NewJob » des enjeux du premier emploi révèle ce qui compte en 2025 dans les choix professionnels des jeunes diplômés. Cette génération, en quête de sens et d’équilibre, redéfinit les liens au travail et pointe la responsabilité de l’entreprise dans le bien être mental descollaborateurs.
Les adolescents ont un téléphone greffé à la main… mais ne répondent pas quand on les appelle. Cette situation, familière à bien des parents, peut sembler absurde, frustrante ou inquiétante. Pourtant, elle dit beaucoup des nouvelles manières pour les 13-18 ans d’entrer (ou de ne pas entrer) en relation. Car, si le smartphone est omniprésent dans leur quotidien, cela ne signifie pas qu’ils l’utilisent selon les mêmes codes que les adultes. Derrière ce refus de « décrocher », ce n’est pas seulement une tendance générationnelle qui se joue, mais une transformation profonde des usages, des normes de communication et des formes de politesse numérique.

Brutalité de l’époque

Le monde contemporain présente de multiples formes de brutalisation directes ou spectaculaires : conflits armés, violences politiques, langage belliqueux, tensions sociales exacerbées… Mais ce n’est qu’une partie du phénomène : il existe une autre forme de brutalité, plus diffuse, plus difficile à objectiver, ne s’imposant pas par le choc mais par l’accumulation, la saturation, la contrainte implicite, l’impossibilité d’un retrait. Lennie Stern, consultante en communication, interroge les ressorts de cette brutalité ordinaire, en décrit les effets et en analyse les formes – spatiales, narratives, systémiques – par lesquelles elle s’installe. Il s’agit ainsi de penser la brutalité non comme un accident, mais comme une infrastructure, et d’en tirer les conséquences politiques.
Dans un contexte national marqué par l’intensification des clivages, Noé Girardot-Champsaur et Samuel Jequier décryptent les résultats d’une étude de l’Institut Bona fidé, réalisée en partenariat avec France Télévisions, sur les dynamiques de réconciliation dans une société française de plus en plus polarisée. Ce baromètre de la réconciliation permet ainsi d’identifier les espaces et acteurs qui, aujourd’hui, demeurent porteurs de lien social. Il dessine ainsi les contours d’une France certes divisée mais qui voit dans le local les bases à partir desquelles retrouver un horizon commun.

Communs et ressources partagées

Mode de financement des coopératives, financement des associations, mieux comprendre la finance pour mieux agir... Les masterclass de l’opération milliard sont soutenues financièrement par la Fondation Crédit Coopératif